Ces beaux noms d’hérésies renvoient à une nature qui s’oublierait assez pour échapper à la loi, mais se souviendrait assez d’elle-même pour continuer à produire encore des espèces, même là où il n’y a plus d’ordre. La mécanique du pouvoir qui pourchasse tout ce disparate ne prétend le supprimer qu’en lui donnnant une réalité analytique, visible et permanente : elle l’enfonce dans les corps, elle le glisse sous les conduites, elle en fait un principe de classement et d’intelligibilité, elle le constitue comme raison d’être et ordre naturel du désordre. Exclusion de ces mille sexualités aberrantes ? Non pas, mais spécification, solidification régionale de chacune d’elles. Il s’agit, en les disséminant, de les parsemer dans le réel et de les incorporer à l’individu.
Michel Foucault Histoire la sexualité, 1 : la volonté de savoir / 1976

14 novembre 2011

la discrétion



                                                                                                                                                                 "Si nos dejan"("Si on laisse tomber") court-métrage de Alejandro Murillo, Centre Universitaire d’Études Cinématographiques, Mexico.

une embuche affective glissée dans mon histoire récente m'a obligé à réviser mon vocabulaire et à trouver un équilibre sémantique entre discrétion et prudence. une pratique tant culturelle qu'habituelle de la première m'a toujours garanti une certaine et nécessaire tranquillité, par contre la seconde me semble imposée sous l'effet d'un danger imminent, réel ou fantasmé. ai-je déjà eu à l'éprouver? sans doute, c'est notre lot à tous, mais jusqu'à présent je ne vivais pas prudemment. la prudence mange sa part de liberté.
je me satisfais à la pensée que les gens ont de moi l'opinion qu'ils veulent, je ne leur impose rien et ils ne m'imposent rien, de mon côté j'évite les donneurs de leçons, tant que faire se peut.
j'entendais, (mais je ne sais plus ni où ni quand ni quoi), que l'on rencontrait beaucoup d'homosexuels dans les métiers du renseignement. cette catégorie ayant, dans sa pratique quotidienne même, acquis ces éminentes qualités qui en font des as de la profession.
on s'éloigne des stéréotypes.
en fait je ne suis pas un coming-outé triomphant. je ne suis donc pas parfaitement assumé, je le suis probablement à minima si je me réfère à un hétéro moyen; la vie de province (mais je sais qu'il y a du prétexte la-dessous) impose de nombreuses réserves. à partir de quels signes la discrétion est elle un confort de vieux? 
si je me sens plus libre à Paris, faisant fi de la discrétion et oubliant toute prudence, c'est en grande partie parce que j'y suis de plus en plus anonyme. au cours de nos séjours on peut se la jouer petit couple, mais fin de partie à l'aérogare. une fois on s'est tenu la main dans l'avion mais on pensait sérieusement qu'il allait se crasher... 
comme quoi dans des circonstances extrêmes!

1 commentaire:

Thomas Q a dit…

Sans réserve aucune : !Viva Mexico!