16 janvier 2013
les pharisiens dans la rue
je vous regarde, je vous écoute. troupeau docile derrière vos pasteurs démasqués. vous bêlez votre leçon apprise par cœur comme les premiers de la classe ânonnent un poème qu'ils ne comprendront jamais. pancartes imprimées, slogans éprouvés, vous vous donnez le sentiment d'être contre, vous qui avez toujours été pour. pour l'ordre, pour la loi, pour la foi. sans jamais vous interroger davantage. sans oser critiquer. vous qui avez toujours été lisses, comme il faut, bien pensants et normatifs. qu'imaginez-vous que vous êtes? des penseurs? des modèles?
vos chefs vous autorisent ce combat séduisant aux formes atypiques, ce qui déjà vous exalte. vous vous agitez de l'exotisme de la situation, de cette mise en scène savante qui, bien que minuscules et médiocres, vous fait paraitre gigantesques et clairvoyants.
je vous regarde, tout excités que vous êtes de votre démarche, de votre force, de votre pouvoir. vos regards satisfaits me disent qui vous êtes vraiment. il y règne une joie indécente et coupable qui s'assume parce qu'elle se partage entre vous. elle vous sert de reconnaissance complice. la joie d'être du bon côté au bon moment. une joie si française, si facile, celle des versaillais ou des vichystes. de ceux qui se taisent toujours, même après Charonne, même après avoir vu pendant des mois les défilés de prisonniers nus dans les rues de Drancy. ceux qui, après, élèvent des monuments et y déposent fleurs et lacrimatoires. vos yeux ont cette jubilation qui se partage aux pieds des potences, coupable et triomphante. cette jouissance à se retrouver si nombreux alors que vous vous sentiez si seuls à penser autant de vilaines choses.
mais c'est pour ça que vous êtes là. pour faire la preuve qu'elles ne sont pas si vilaines ces choses. qu'elles sont mêmes des évidences, des banalités. c'est pour ça qu'ils vous ont mis là vos patrons, pour clamer bien haut et en nombre ce ramassis de fausses affirmations, de syllogismes anachroniques, de concepts bêtas, d'allégations hasardeuses, de mensonges avérés, avec la solide assurance des multitudes anonymes, du bon-sens, de l'empirisme personnel devenu commun sous l'effet de la foule. triviaux vous devenez orgueilleux.
je vous regarde, je m'aperçois que vous êtes toujours là avec votre peur qui veut empêcher l'autre de vivre, votre égoïsme irrationnel qui vous permet de croire que vous êtes exemplaires, qu'il n'y a d'autre vérité que la votre. d'autre humanité que celle qui vous sied. votre hypocrisie qui vous permet de simplifier, caricaturer, moquer, et par dessus tout vous procure cette douce satisfaction d'avoir tout compris et de pouvoir tout expliquer.
je regarde les couards que vous avez toujours été, si résolus dans les mains de vos maîtres, à l'abri de vos dogmes antédiluviens, invoquant des dieux que vous trahissez de bonne foi, des enfants que vous n'aimez pas, un Amour qui vous est étranger, un ordre social naturel qui n'existe pas, n'a jamais existé ailleurs que dans les fantasmes rétrogrades des obscurantistes de tout poil lorsqu'ils s'emploient à justifier l'ordre établi nécessaire à leurs intérêts immédiats.
je regarde et je me sens sali de ce que vous êtes, béats de haine, fielleux et jaloux. votre pusillanimité coercitive me désespère autant qu'elle m'interroge. comment pouvez-vous vivre dans votre univers en noir et blanc, bien et mal, beau et laid, mâle et femelle, ces duels réducteurs qui vont à l'infini s'acharner à la destruction de l'altérité?
je vois en vous une humanité désespérante que le néant devrait engloutir aussitôt. vos revendications de démocrates sont de fait le relais présent de la masse des arbitraires que répand depuis la nuit des temps un peuple de cul-terreux analphabètes.
voilà donc ce qu'à mes yeux vous représentez, la bêtise éternelle, normal que vous vous soyez retrouvé si nombreux.
..."Mais malheureux êtes-vous, Pharisiens, vous qui versez la dîme de la menthe, de la rue et de tout ce qui pousse dans le jardin, et qui laissez de côté la justice et l'amour de Dieu. Malheureux êtes-vous, Pharisiens, vous qui aimez les premiers sièges dans les synagogues et les salutations sur les places publiques. Malheureux, vous qui êtes comme ces tombes que rien ne signale et sur lesquelles on marche sans le savoir... Vous aussi légistes vous êtes malheureux, vous qui chargez les hommes de fardeaux accablants, et qui ne touchez pas vous mêmes d'un seul de vos doigts un seul de ces fardeaux. Malheureux vous qui bâtissez le tombeau des prophètes alors que ce sont vos pères qui les ont tués."... Luc.
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