Ces beaux noms d’hérésies renvoient à une nature qui s’oublierait assez pour échapper à la loi, mais se souviendrait assez d’elle-même pour continuer à produire encore des espèces, même là où il n’y a plus d’ordre. La mécanique du pouvoir qui pourchasse tout ce disparate ne prétend le supprimer qu’en lui donnnant une réalité analytique, visible et permanente : elle l’enfonce dans les corps, elle le glisse sous les conduites, elle en fait un principe de classement et d’intelligibilité, elle le constitue comme raison d’être et ordre naturel du désordre. Exclusion de ces mille sexualités aberrantes ? Non pas, mais spécification, solidification régionale de chacune d’elles. Il s’agit, en les disséminant, de les parsemer dans le réel et de les incorporer à l’individu.
Michel Foucault Histoire la sexualité, 1 : la volonté de savoir / 1976

06 février 2013

les ébats des antis du débat


j'ai toujours pensé de la foi qu'elle devait demeurer du domaine de l'intime, tout au plus du privé. si certains, c'est concevable, ont besoin de la religion pour exprimer le lien social que cela représente à leurs yeux, il me semble extrêmement juste de contraindre ses manifestations en des places et des temps dévolus. pour ne pas paraitre extrêmement coercitif j'ajouterai que seule la liberté des consciences justifie cet encadrement rigoureux.
le fait est que chargé d'une histoire si lourde, combien de fois terrifiante, ou plutôt que l'édifier il rabaissa l'humain à ses plus basses passions et s'employa à le maintenir dans une dépendance mentale pathologiquement idiote et économiquement avilissante, le fait religieux est demeuré la plus pérenne des manifestations humaines. avec peut-être la guerre à laquelle il est d'ailleurs régulièrement lié. aux goupillons de toutes obédiences d'introduire les sabres pour ensuite en justifier la douleur. on serait en droit de se demander comment, chargé d'un passif si lourd, il est encore concevable d'en autoriser, sinon l'existence, du moins les exubérances et les inconséquences tant intellectuelles que morales.
la religion, je ne parle pas de sa nature mais de son fait, est synonyme de manipulation, il n'y a pas de hiérarchie dans ces aliénations sectaires que l'on voudrait faire passer pour volontaires; et au noble argument du don de soi on a trop vu se substituer l'acharnement à faucher les consciences pour en déposséder leurs propriétaires. 
il n'est pas dans mes moyens de dénigrer l'irrationnel, je critique ces amphitryons qui s'en estiment maîtres. à des degrés divers chacun en connaît ses propres accès qu'il quantifiera selon son seul discernement.
l'actualité nous permet de constater la pathétique instrumentalisation des ersatz de la foi par des cagots bondieusards. sans craintes de comportements et de propos absolument grotesques, gourous et adeptes se livrent sous nos regards à un déferlement jubilatoire de toute cette haine qu'ils appellent, sans ruser d'avantage, amour. et "l'amour n'est qu'illusion" écrivait Rousseau.
mais franchement, la colère passée, je me réjouis de cette preuve par l'image, par les images, que se sont plu à afficher ces conformistes exaltés. d'abord leurs alliances contre-nature de monothéismes qui s'écharpent depuis des siècles et soudain fusionnels dans l'anathème et la haine de l'autre. ensuite cette course effrénée à qui sera le plus ringard, le plus obsolète. sorte de régurgitation sociale, l'intégrisme réactionnaire s'est paré de ses plus beaux atours pour nous convaincre de son incroyable survivance dans ce pays en 2013. en rétrogradant eux mêmes leurs rituels à des niveaux folkloriques, pour exciter la curiosité médiatique, ils en révèlent l'irréversible anachronisme.

 

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