Ces beaux noms d’hérésies renvoient à une nature qui s’oublierait assez pour échapper à la loi, mais se souviendrait assez d’elle-même pour continuer à produire encore des espèces, même là où il n’y a plus d’ordre. La mécanique du pouvoir qui pourchasse tout ce disparate ne prétend le supprimer qu’en lui donnnant une réalité analytique, visible et permanente : elle l’enfonce dans les corps, elle le glisse sous les conduites, elle en fait un principe de classement et d’intelligibilité, elle le constitue comme raison d’être et ordre naturel du désordre. Exclusion de ces mille sexualités aberrantes ? Non pas, mais spécification, solidification régionale de chacune d’elles. Il s’agit, en les disséminant, de les parsemer dans le réel et de les incorporer à l’individu.
Michel Foucault Histoire la sexualité, 1 : la volonté de savoir / 1976

05 avril 2013

TOLERANCE ZERO

photo : Yaniv Edry, Sexy barber shop

ASSEZ!!! de cette tribune permanente accordée, sans modération ni précautions, aux hétérocrates de toutes obédiences, enchevêtrant morale et homophobie dans leurs manifestes obscurantistes. ASSEZ!!! de la triade orgasmique des Barjot, Bongibault, Boutin ; des monseigneur Machin, rabbin Truc, imam Chose et consorts, faisant singulièrement chorus pour remettre dans l'air du temps des propos que mon arrière grand-mère aurait pu tenir.
indigne, pénible, insupportable, odieux, détestable, abject : INTOLERABLE! tel est ce combat de civilisation, comme il se présente modestement dans les colonnes du Figaro, dont le caractère anti-pédés absout la transgression de principes républicains qu’on nous disait pourtant garants de la paix civile et institutionnelle.

je déteste ce rose-pinky, arboré comme une insulte permanente pour remettre en mémoire les couleurs de la follasse anormée qui fut le lieu commun de l’opprobre et de la raillerie.

je hais ces propos réducteurs qui amalgament toutes les pratiques, à commencer par celle d’être parent, dans une même perversion.

j’exècre cette hypocrisie invoquant à l’envie un état de nature pour mieux refouler ceux qui n’y croient pas, ceux qui ne veulent pas être esclaves de cette néo-écologie morale fasciste, ceux qui ne prennent pas d’assurance eschatologique avec un dieu vengeur et misanthrope.

et que dire de cette mascarade familiale, dont on ne nous épargne pas le vocabulaire simpliste et affectif pour mieux exposer les enfants, jusque la maltraitance, et servir l’argumentaire de leurs géniteurs-propriétaires, leurs « papa - maman » hétéro-corrects. pédophilie légale des braves gens, non moins obscène et turpide que son pendant libidineux parce qu’elle use du même pouvoir du fort sur le faible.  

je me refuse à tolérer ces gens autant qu’être l’objet de leur tolérance, être l’alibi de leur bonne conscience, le gage de leur normalité.

mais que craignent-ils d’une égalité de droits qui serait la mise en textes de situations existantes et visibles ?, la condition à l’apaisement de vécus jusqu’alors complexes ?

serait-ce l’émergence improbable d’un gay-power radical dont les excès approcheraient par trop les pratiques de leur actuelle domination ? s’estimeraient-ils déjà suffisamment découverts pour justifier d’impitoyables oukases?

étant donné ce goût outrancier de toujours se positionner en victimes, cela ne m’étonnerait pas...

il fut un temps où j’aurais aimé les rassurer, leur dire que les histoires d’amours n’ont pas de hiérarchie, que les sociétés évoluent malgré tout, malgré tous, ce n’est qu’une question d’apaisement et de respect. un temps où il m’arrivait encore de prendre des baffes, souvent morales, parfois physiques ; mais en dépit d’une détermination quasi évangélique à faire passer le message, je n’ai jamais tendu l’autre joue pour satisfaire l’ire injuste de mes contradicteurs.

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