Ces beaux noms d’hérésies renvoient à une nature qui s’oublierait assez pour échapper à la loi, mais se souviendrait assez d’elle-même pour continuer à produire encore des espèces, même là où il n’y a plus d’ordre. La mécanique du pouvoir qui pourchasse tout ce disparate ne prétend le supprimer qu’en lui donnnant une réalité analytique, visible et permanente : elle l’enfonce dans les corps, elle le glisse sous les conduites, elle en fait un principe de classement et d’intelligibilité, elle le constitue comme raison d’être et ordre naturel du désordre. Exclusion de ces mille sexualités aberrantes ? Non pas, mais spécification, solidification régionale de chacune d’elles. Il s’agit, en les disséminant, de les parsemer dans le réel et de les incorporer à l’individu.
Michel Foucault Histoire la sexualité, 1 : la volonté de savoir / 1976

21 septembre 2012

le mariage, lareligion, le droit et le "débat"

 un article de Johan LePort Letexier paru dans Témoignage Chrétien :

Église et homosexualité : la tentation théocratique


soyons restrictif et corroborons d'emblée le propos de l'auteur  : voici une revue qui n'entre pas dans mes lectures habituelles. cependant j'apprécie Johan LePort Letexier, que je retrouve toujours avec plaisir dans la revue Minorités. il parle avec clarté de la foi associée à l'homosexualité. en interne comme en externe. je veux dire tant par les gays croyants qui se trimballent, ce qui devrait être une grâce, comme le bonnet du ridicule, que par les gays incroyants si prompts à moquer à travers des individus fragilisés les institutions qu'ils ne représentent pas forcément. j'en parle en connaissance de cause, ayant moi-même pratiqué l'amalgame discriminatoire autant que fréquenté certains cercles religieux au crédo officiel homophobe. (certes pas en même temps).
cet article se suffit à lui même, il met à plat une réalité et s'adresse à tous, il s'agit d'institutionnaliser un fait existant, c'est à dire le faire entrer dans la loi, parce que dans ce pays la loi prime. et avant toute chose elle prime sur la religion.
alors qu'elle ne devrait prendre appui que sur cette seule vraie force de l'humain qu'est la spiritualité, la religion, historiquement, est régulièrement réduite à en flatter les pires aspects et exploite les plus sournoises de ses faiblesses. elle devient ainsi l'arme redoutable de la bêtise, largement utilisée par les politiques. le goupillon ne s'éloigne jamais trop du sabre, du pupitre non plus.
des débats se sont engagés, et des prises de parole ont eu lieu. c'est le début. beaucoup de haine en perspective pour nous expliquer ce que nous sommes et devons être. c'est un moment important. alors même que certains chantent la tolérance sur tous les tons, il s'agit souvent d'une tolérance à sens unique. toutes les victimes d'exclusion le savent, c'est à eux qu'il incombe de supporter l'intolérance, le rejet, la violence et l'exécration dans l'interminable attente de jours meilleurs; le droit à la parole n'est pas de leur côté. on entend déjà parler de "passe d'armes" à venir. c'est un combat réel, celui du droit à la banalité. la liberté n'est jamais acquise.

1 commentaire:

Thomas Q. a dit…

Bien vu «l’argument théocratique » à l’adresse des chrétiens. Mais le reste de l’argumentation, pour l’agnostique de culture chrétienne que je suis, me paraît bien plus fort (ma « môman » l’inflige régulièrement à son entourage catholique).
Le problème avec cette question, comme avec beaucoup d’autres (par exemple celle de la dépénalisation des drogues), c’est que beaucoup de gens ne pensent ni avec leur cœur, ni avec leur tête, mais avec leurs tripes ou leur sexe (ce qui n’est pas penser) et qu’ils se contentent de mettre en discours leurs croyances archaïques.