Κάνε το σώμα μου φωλιά
Για κάθε σου μεράκι
Για να κουρνιάζουν μέσα μου
Τα όνειρά σου
Υπάρχει τόση αφθονία λουλουδιών
Γιατί λοιπόν παραπονιούνται οι μέλισσες;
Είσαι υπόκοσμος
Είμαι απόκοσμος
Καινούριο χιόνι πέφτει
Επάνω στο παλιό
Κι άλλες νιφάδες βιάζονται να γίνουν λάσπη
Όσο σε λατρεύω τόσο διαφθείρεσαι
Κάτι ξέραν οι αρχαίοι
Που λάτρευαν αγάλματα
Είσαι υπόκοσμος
Είμαι απόκοσμος
Απόψε η νύχτα στόλισε το πάρκο
Με τα πιο διαλεχτά καθάρματά της
Θανάση γιατί έκοψες το άλφα από μπροστά
Για ένα γράμμα χάνεις την Αθανασία *
Στίχοι:
Ντίνος Χριστιανόπουλος
Μουσική:
Μάνος Χατζιδάκις
le poète Dinos Christianopoulos , alias Costantinos
Dimitriou, est né à Thessalonique en 1931. il étudie les Lettres à l’Université
de sa ville, puis, après son service militaire, est employé à la bibliothèque
municipale. parallèlement il se révèle en tant qu’écrivain, poète, essayiste,
novelliste et auteur de chansons qui célèbrent Thessalonique et sa passion
frénétique pour le rébétiko dont la diffusion fait partie intégrante de son
œuvre. il fonde en 1958 la revue Diagonios, Διαγώνιος, ainsi qu’une petite maison
d’éditions, en 1962, afin de promouvoir les nouveaux auteurs ; il y
adjoint une galerie d’art et une salle d’expositions pour les artistes
Thessaliens.
autant d’activités qui, si elles le placent parmi les
écrivains grecs appréciés et reconnus officiellement, traduit dans une
quinzaine de langues, ne lui épargnent pas les difficultés matérielles, car il entend mener sa vie sans compromission d'aucune sorte.
avant de devenir une gloire emblématique de la culture gai, un personnage référent au même titre que Cavafy, Tsaroukis ou Hadzidakis, Christianopoulos incarne la parole de ceux que le conformisme réduit au silence.
sa première publication en 1950, la Saison des Vaches
Maigres/ Εποχή των ισχνών αγελάδων, est aussitôt bien reçue en Grèce, ses
lecteurs voient en lui l’héritier de Cavafy. ses confessions amoureuses
expriment la difficulté d’exister entre amertume et repentir. c’est
principalement ce qui le distingue du grand poète Alexandrin, cette inspiration
née du christianisme et de sa morale, il n’hésite pas d’ailleurs à se
réapproprier certains textes des Écritures, parfois par provocation, faisant de lui le continuateur critique et tourmenté de la tradition chrétienne
littéraire.
en 1954, dès son second recueil, Genoux Étrangers/Ξένα
γόνατα, il revendique ouvertement son homosexualité, c’est une mise à nu
parfois terrible de ses tourments physiques et moraux.
son œuvre est un défi permanent lancé autant à lui-même qu’à
la société. la confession, voire la repentance, s’accompagne d’un franc exhibitionnisme
qui s’entrechoquent pour transmettre l’humiliation qu’il y a à devoir
s’accepter et la dignité portée par la volonté d’être soi.
ses textes sont simples, usant de mots réalistes qui peuvent
paraître nus, ils expriment un érotisme brut qui exclut toute forme de
sentimentalisme. ses vers sont dépouillés, concentrés sur un trait, une image,
ils en deviennent souvent brusques, féroces, privés de ponctuation comme
d’oxygène, pas de fioritures académiques, encore moins de lyrisme pour faire
passer le propos. souvent proche de l’épigramme décomplexée qui assène encore
et encore, cette difficulté à vivre, dans l’invisibilité et le non-dit, l’homosexualité
en Grèce. il est également célèbre pour un certain nombre d’aphorismes
poétiques cynico-sentimentaux sur l’amour, « L’ecchymose que vous avez
oubliée sur ma poitrine a largement prouvé combien, vous aussi, vous sentiez
désespérément seul. » (Le Corps et l’Absinthe).
ses poèmes sont des esquisses de génie qui resserrent tout
leur sens au-delà d’elles mêmes, travaillés comme des icônes, ils ouvrent une infinie
perspective qui oblige le lecteur à repenser sa manière de voir les
personnes marginalisées et à critiquer ses propres préjugés. Dinos Christianopoulos
affirme le pouvoir du désir et du choix individuel, il revendique pour chacun,
y compris et surtout pour les plus modestes, le droit absolu de vivre ses choix,
le pouvoir d’intégrer l’amour au quotidien et en pleine lumière ; loin de
cette nuit sentimentale où erre le poète, mendiant sexuel et hors la loi, exilé
dans sa quête de tendresse parfois jusqu’au cloaque, voix solitaire de l’opprimé parmi
les opprimés.
absolument indifférent à la politique, (c’est par hasard
qu’il apprendra l’assassinat de Lambrakis en mai 1963), mais surtout résolument
indépendant, il refuse en janvier 2012 l’éminente distinction que voulait lui
attribuer le Ministère de la Culture, déclarant : Je suis contre les récompenses qui rabaissent la dignité de l'homme.
(*je ne sais pas traduire la poésie, et le saurai-je que je
ne m’en vanterais pas; toute honte bue, et uniquement avec
l’espoir d’en rendre un vague reflet, une dérisoire approximation, je me permets
ceci :
Mon corps fait le nid/De tes passions/Pour couver/Tes
rêves/Fleurs innombrables/Peut-on se plaindre des abeilles ?/Tu es le
secret/Je suis le mystère/Une chute de neige fraiche/Recouvre
l’ancienne/L’avenir est boueux/Les Anciens le savaient/Qui adoraient les
statues/Tu es le secret/Je suis le mystère/Ce soir la nuit décore le parc/De la
plus nette la plus pure/Des morts quand j’ai défait l’alpha initial/La lettre
perdue d’Athanasia )
(Athanase signifie immortel, sans le A il prend le sens de mort)
Dangereuse solitude
Les nuits où je parcours ma solitude
Je traque sur mille visages
Ce tremblement au coin de ton œil.
Il suffirait qu'un seul d'entre eux
Ait un reflet de ta beauté,
Je lui dirais : "qu'attends tu donc ?
Enfonce en moi les clous de tes souliers"
Et je n'attendrais plus de doux baiser
Et je n'attendrais plus d'amoureuse étreinte.
Traduction : Michel Volkovitch
Les nuits où je parcours ma solitude
Je traque sur mille visages
Ce tremblement au coin de ton œil.
Il suffirait qu'un seul d'entre eux
Ait un reflet de ta beauté,
Je lui dirais : "qu'attends tu donc ?
Enfonce en moi les clous de tes souliers"
Et je n'attendrais plus de doux baiser
Et je n'attendrais plus d'amoureuse étreinte.
Traduction : Michel Volkovitch
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