Ces beaux noms d’hérésies renvoient à une nature qui s’oublierait assez pour échapper à la loi, mais se souviendrait assez d’elle-même pour continuer à produire encore des espèces, même là où il n’y a plus d’ordre. La mécanique du pouvoir qui pourchasse tout ce disparate ne prétend le supprimer qu’en lui donnnant une réalité analytique, visible et permanente : elle l’enfonce dans les corps, elle le glisse sous les conduites, elle en fait un principe de classement et d’intelligibilité, elle le constitue comme raison d’être et ordre naturel du désordre. Exclusion de ces mille sexualités aberrantes ? Non pas, mais spécification, solidification régionale de chacune d’elles. Il s’agit, en les disséminant, de les parsemer dans le réel et de les incorporer à l’individu.
Michel Foucault Histoire la sexualité, 1 : la volonté de savoir / 1976

19 novembre 2012

"tu honoreras ton père et ta mère"

Forse qualque lettore troverà che dico delle cose banali. Ma chi è scandalizzato è sempre banale. E io purtroppo sono scandalizzato. Resta da vedere se, come tutti coloro che si scandalizzato (la banalita del loro linguaggio lo dimostra), ho torto, oppure se ci sono delle ragioni speciali che giustificano il mio scandalo. Pier-Paolo Pasolini.
Peut-être des lecteurs trouveront que je dis des choses banales. Mais ce qui est scandaleux est toujours banal. Et malheureusement je suis scandalisé. Reste à voir si, comme tous ceux qui se scandalisent (la banalité de leur langage le prouve), je me trompe, ou bien s'il y a des raisons spéciales qui justifient mon scandale." Pier-Paolo Pasolini.
c'est quoi cette tradition qui représente le bonheur sous la forme d'un couple hétérosexuel avec enfants, évoluant dans un espace familial radieux et qui se nomme mariage?
on sait quand même que si le mariage est une tradition celle-ci varie grandement d'une culture à l'autre.
de par le vaste monde il semble bien que le mariage occidental et ses valeurs ne soit pas l'archétype du genre. personne d'ailleurs ne paraît nous l'envier, nul observateur extérieur ne le juge parfait.
dans son propre contexte culturel cette tradition n'a cessé d'évoluer. l'idée seule de "mariage d'amour" d'un homme et d'une femme eut fait hurler de rire l'immense majorité de nos ancêtres (qui n'en avaient guère l'occasion) jusqu'à une date très récente. je ne parle même pas de cet amour allant jusqu'à irradier la progéniture légitime des intéressés, cette notion là est trop neuve. l'amour c'est hors mariage. sexuel autant qu'émotionnel. historiquement le mariage s'établit d'abord en vue d'un gain économique. cela est universel. il s'agit, au mieux d'acquérir du bien, au pire de limiter les frais. c'est un contrat entre deux personnes dont la différence sexuelle contraint l'accouplement et la procréation. raison sociale. la constitution d'un patrimoine induit l'encadrement de la transmission de ce patrimoine. raison familiale. comme n'importe quel contrat c'est longtemps à l’Église qu'en revint la gestion. la même sacralisation d'un acte contractuel se retrouve autant chez le notaire que dans un prétoire laïque. l'acte signé comme le serment juré deviennent inviolables par nature. l'humain et ses faiblesses n'y intervient plus. cela est sensé se situer au-delà des passions humaines.
j'ai dit que l'amour et le mariage n'étaient pas associés. l'amour est passion, le mariage est acté. les romantiques y voient souvent même un obstacle, l'amour est ailleurs, et impossible du fait de la pression sociale, le XIXème siècle, naturaliste et psychologique, envisage l'éventualité d'une relation intime entre les époux les projetant soudain dans l'émotionnel, le pathos. domaines jusqu'alors réservés aux adultérins et aux "pervers".  
une culture, à moins qu'elle soit morte, évolue sans cesse. si l'amour a intégré le mariage, il l'a fait dans sa fulgurance et son aveuglement, son besoin de reconnaissance comme de fusion, sa nécessité biologique et émotionnelle. l'amour humain est demeuré sans obligation de procréation, il s'est révélé libre tel qu'il a toujours été, et hors des contraintes sociales.
cet amour doit faire comprendre aux gens que leur perception de la société et des rapports entre les sexes est dépassée. la société occidentale a changé, et nous sommes en présence, en coexistence, avec un monde neuf, jeune , inventif qui se forme ici et maintenant, sous nos yeux et avec nous. ce monde nouveau est en place, il est là, il suffit de regarder pour s'enthousiasmer avec lui, profiter de cette émergence, en capter les bienfaits.
réactionnaires, ces gens sont entrain de décrocher en mésestimant ces évolutions, en ratant quelque chose d'important ils s'excluent eux mêmes du sens de la vie.

Sean Hart, Seanhart diary, Rio de Janeiro, 2011


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