Ces beaux noms d’hérésies renvoient à une nature qui s’oublierait assez pour échapper à la loi, mais se souviendrait assez d’elle-même pour continuer à produire encore des espèces, même là où il n’y a plus d’ordre. La mécanique du pouvoir qui pourchasse tout ce disparate ne prétend le supprimer qu’en lui donnnant une réalité analytique, visible et permanente : elle l’enfonce dans les corps, elle le glisse sous les conduites, elle en fait un principe de classement et d’intelligibilité, elle le constitue comme raison d’être et ordre naturel du désordre. Exclusion de ces mille sexualités aberrantes ? Non pas, mais spécification, solidification régionale de chacune d’elles. Il s’agit, en les disséminant, de les parsemer dans le réel et de les incorporer à l’individu.
Michel Foucault Histoire la sexualité, 1 : la volonté de savoir / 1976

25 juin 2012

exuvie

TAKATO YAMAMOTO, Altar of Narcissus

outre me réjouir, ta présence inespérée déchaîne instantanément le besoin animal que j'ai de toi.
tu l'as senti avant que j'en ai conscience; tu es une pâture appétissante qui ne s'ignore pas.
insensiblement d'option aléatoire tu deviens proie, je te regarde comme une bête égarée, un aliment vivant. pas seulement le sacrifié à venir, mais déjà un prolongement, une partie de moi. tu peux t'échapper bien sûr, tu l'imagines, ça paraît faisable, mais ta vitesse ne peut me dépasser, ni désormais ton intelligence battre mon instinct. tu peux gagner une bataille mais c'est la guerre qui va gagner.
nous le savons tous les deux,
c'est la vie.
tu fais des plans, traces mentalement des itinéraires jusqu'à moi, jusqu'à l'endroit où tes lèvres se poseront, où tes dents mordront, l'un et l'autre sommes dans le piège tendu du désir.
je l'ai isolée et je ne sens plus que ton odeur, prise pour moi, en moi, et j'en veux davantage, je la veux subversive, invasive, qu'elle me sature, me prenne aux narines et à la gorge, m'emporte les tripes...
cette faim insatiable de toi terrasse tout mon être, arme absolue qui a mon apparence, tout le reste, habits dispersés et raison perdue sont peaux mortes abandonnées au sol...

Aucun commentaire: