Ces beaux noms d’hérésies renvoient à une nature qui s’oublierait assez pour échapper à la loi, mais se souviendrait assez d’elle-même pour continuer à produire encore des espèces, même là où il n’y a plus d’ordre. La mécanique du pouvoir qui pourchasse tout ce disparate ne prétend le supprimer qu’en lui donnnant une réalité analytique, visible et permanente : elle l’enfonce dans les corps, elle le glisse sous les conduites, elle en fait un principe de classement et d’intelligibilité, elle le constitue comme raison d’être et ordre naturel du désordre. Exclusion de ces mille sexualités aberrantes ? Non pas, mais spécification, solidification régionale de chacune d’elles. Il s’agit, en les disséminant, de les parsemer dans le réel et de les incorporer à l’individu.
Michel Foucault Histoire la sexualité, 1 : la volonté de savoir / 1976

18 avril 2012

un, deux, trois... SOLEIL!!!


dans ma région c'est tellement la province qu'on a souvent l'impression de ne pas appartenir au pays indiqué sur la carte d'identité. d'où, sans doute, une tentation séparatiste que les faits viennent régulièrement justifier. l’élection présidentielle française c'est l'occasion de jauger l’intérêt que suscite encore celle que tantôt on nommera la mère patrie tantôt la puissance coloniale, avec la même dose d'humour dans les deux cas. une chose est sure, l'enthousiasme cette fois n'est pas de la partie. outre celui qui l'a déçue, nul autre candidat n'est parvenu à séduire l'ile magnifique qui s'étend très au sud-est de son territoire électoral continental. probablement qu'en cette période difficile aucun n'a su trouver les mots qui eussent encouragé un ralliement des insulaires sur les bases d'un engagement humain plus que national où chacun eut à tenir sa place et interpréter son rôle.
en bref, cette élection présidentielle que se disputent deux enfants gâtés de Neuilly-sur-Seine, a vraiment quelque chose de trop parisien. de trop français aussi. et de trop-ceci en trop-cela, elle nous a un goût de trop peu, donc de pas assez.
l'homme de ma vie est de gauche, ce qui est rare sous ces latitudes droitières par tradition, et plus rare encore de le revendiquer. mais du coup à côté de lui je passe pour être extrêmement de gauche, voire exagérément. voici donc que même lui m'accuse de faire le jeu de la droite en ne votant pas de suite pour son champion... ainsi, de fil en aiguille, on parvient à s'engueuler sur ce thème!?
les candidats croient-ils que la campagne se déroule devant un fond vert dont ils maîtrisent le remplissage. mais non. chacun de nous en passe de devenir un électeur sous huitaine voit s'agiter derrière le postulant le film de ses préoccupations et de ses espérances. c'est en cela que la démocratie n'est pas encore totalement une illusion, collectivement nous en structurons mentalement le contenu, mais s'il ne s'agissait déjà plus que d'un fantasme partagé, auquel on se doit de rendre un culte quinquennal obligatoire? récemment on nous volait un vote ayant pour sujet certain traité européen, le faisant passer du rejet à l'adhésion par la volonté d'un seul. et c'est justement de cette Europe que je me suis définitivement éloigné, parce que je la trouve laide et mauvaise, qu'elle met les gens en galère. qu'elle n'est que mensonge. je lui en veux plus qu'à toute autre institution parce que celle-là j'y croyais à fond. elle a pris de mes rêves et de mon temps. Europe des peuples... sous le joug de quelques officines bancaires... des sigles tout au plus. ce que nous en avons fait à force de nous gaver, et ce qu'il en reste maintenant... ce que nous avons laissé faire par paresse d'engagement... ce qui s'est passé ces dernières années est tellement grave que je m'étonne chaque jour qu'il n'en soit pas d'avantage question dans nos conversations, comment se fait-il que l'ensemble de notre réflexion politique ne soit pas en permanence influencé par cet échec majeur de la démocratie occidentale et des peuples la constituant?
on m'opposera que ce sont là des rêvasseries liberticides de privilégié politique, qu'il y a de l'obscénité à exposer ainsi de tels états d'âmes quand une partie non négligeable du monde tente de survivre dominée par des gouvernements coercitifs voire plus simplement exterminateurs. et pourtant malgré cette absolue mauvaise conscience je me demande si je suis prêt à aller voter dans ces quelques jours. parce qu'il faut y croire quand même et que je n'y crois pas un instant. je ne dis pas que seul m'importe mon petit confort égoïste et que peu à peu j'entends tracer les frontières de ma conscience citoyenne aux contours de mon double éthérique, je dis que ce monde nous entraine là où nous ne pensions jamais plus aller tant il semble se développer dans l'erreur, l'abomination et la négation.
ça doit être le contrecoup d'une grosse fatigue politique, alors bien évidemment j'irai voter dimanche, je voterai pas utile pour qu'on ait le temps de se réconcilier entre les deux tours. puisque de toute façon il semble bien que je voterais quand même au final pour son champion...

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