Ces beaux noms d’hérésies renvoient à une nature qui s’oublierait assez pour échapper à la loi, mais se souviendrait assez d’elle-même pour continuer à produire encore des espèces, même là où il n’y a plus d’ordre. La mécanique du pouvoir qui pourchasse tout ce disparate ne prétend le supprimer qu’en lui donnnant une réalité analytique, visible et permanente : elle l’enfonce dans les corps, elle le glisse sous les conduites, elle en fait un principe de classement et d’intelligibilité, elle le constitue comme raison d’être et ordre naturel du désordre. Exclusion de ces mille sexualités aberrantes ? Non pas, mais spécification, solidification régionale de chacune d’elles. Il s’agit, en les disséminant, de les parsemer dans le réel et de les incorporer à l’individu.
Michel Foucault Histoire la sexualité, 1 : la volonté de savoir / 1976

08 février 2012

le rêve français...

bizarre, j'ai eu comme un moment de conscience... , tu vois à propos du rêve français, un instant de clairvoyance. j'ai pensé que ce rêve on le vivait maintenant, et de tout de suite à la fin : on en a pour trois mois. pas plus. le rêve de ceux qui croient encore au vote à venir, à la mise en concurrence des hommes-programmes, au faux-suspense politique auquel on veut bien nous laisser jouer un petit moment encore... ils font silence autour de nous, ils n'ont plus longtemps à attendre, ils connaissent le nom du pantin qui sortira de l'urne eux? je crois que oui, une forme, rien de plus qu'une forme ce nom... et puis ce sera après. on sait tous à quoi ça ressemblera après, les images et les mots existent, venues d'Athènes, de Grèce, d'Espagne et d'ailleurs. ceux de la révolte et de la résignation. ils commencent à sentir la mort, tu trouves? mais ça ce n'est que le début, la mise en place de la nouvelle société par les cancrologues venus liquider l'ancienne, les drôles de thérapeutes costard-cravate du monde libre nous adressent, derrière les lunettes façon YSL, les codes incompréhensibles des temps privatifs qu'ils introduisent dans nos rectums domestiqués. l'esclavage c'est la liberté.
les phrases cousues d'évidences chiffrées leur donnent toujours raison. seuls les chiffres ont la parole.
Commission/BCE/FMI, la troïka des enfers, t'es pas banquier au moins mon fils!? il demande le vieux de la pub à son grand rejeton, sur le ton de : je condamne et je suis fier en même temps. mais le temps t'en n'as plus, retraité que tu es et le fiston il vient avec le sourire finaliser son œdipe. bien sûr qu'il est banquier puisqu'il survit sur la merde des autres. prends le dans ta gueule, si lui le décide, bientôt t'auras plus de médocs. moins 15% sur ta pension, mais dans la réalité c'est moins 40, c'est comme la température du thermomètre et la température ressentie (la nouvelle blague!!), comme les vieux grecs ou espagnols... ou d'ailleurs.
tiens il fait froid? on va compter les morts... sympa comme passe-temps. il avait plusieurs fois refusé de se rendre dans un abri, ah ben tiens çui-là il l'a bien cherché en plus!, depuis quand ça tue le froid? c'est pas le froid qui tue alors... non, c'est les inutiles qui crèvent. c'est la nature tu vois. la misère, la maladie c'est naturel chez certains.
et la France dans tout ça qui aurait comme un rêve? franchement je vois pas pourquoi. pourquoi les français, eux, auraient le droit de rêver? entretenir un rêve..., pourquoi pas le luxe pour tous!, voir avec Vincent Cassel dans sa pub Lancia : le luxe est un droit, ils te l'ont vite relooké le slogan..., inventer le rêve français : c'est la phrase la plus électoralistissime que j'ai entendue jusqu'à présent, plus creux dans le démago pseudo poétique et tu commences à prendre des risques. parles-en aux grecs ou aux espagnols, parles-en aux autres aussi. PASSER A LA VITESSE SUPÉRIEURE me paraît urgent, parce que ce qui se répand dans l'air glacé, ventre creux et en guenilles, ne rêve plus trop à force de se charrier cette vérité du monde qui s'effondre sur eux.
tu vois c'est pas vraiment le mot rêve qui me vient à l'esprit, ce serait plutôt un mythe ce truc, celui d'une France définitivement pétrie de douceur et éternellement bercée par son art de vivre, respirant les effluves de ses idéaux fondateurs, havre de paix enclos dans ses frontières qui la préservent d'un monde décidément trop tourmenté.
11 septembre 2001, la fin d'un rêve.

Aucun commentaire: