pas de drapeau grec, c'est inhabituel, mais un drapeau rouge placide comme le chien tandis que les hommes s'agitent. des émotions déclinées de l'intensité belliciste à la sérénité routinière. de l'humain à l'animal.
l'axe vertical de la scène, c'est cet homme au drapeau justement, encore en mouvement du geste qu'il vient d'accomplir, en extension, en suspension, alors que de part et d'autre ses acolytes se recroquevillent, eux aussi suspendus à l'explosion imminente, tandis que déjà, derrière lui, un auxiliaire termine de préparer le cocktail-Molotov suivant. attentif à la dangereuse manipulation qu'il exécute, il protège involontairement un homme casqué dont le regard expérimenté paraît suivre la progression aérienne de l'objet.
le dernier personnage de ce segment de cortège appartient à un autre ensemble, cintré dans son t-shirt rose il se tient lui aussi dans la posture du lanceur. scènes identiques, interprètes différents, jeu différent, même message. permanence dans l'impermanence mouvementée d'un défilé revendicatif.
l'unité est au sol parsemé de débris de manif, rue d'Athènes qui s'offre une archéologie nouvelle, au jour le jour le pays s'écrit, âges sombres de la Grèce, une fois encore.
nul regard à l'adresse du photographe. indifférence à l'indifférence, un écran entre eux et nous. c'est l'impassible Loukanikos qui nous renvoie notre froid détachement.
la nudité, l'homme, l'espace, pour arme, pour symbole. certains pourraient y voir une reproduction à l'Antique, le guerrier vaincu s'élançant sur ses ennemis dans l'ultime espoir d'une fin glorieuse.
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