Ces beaux noms d’hérésies renvoient à une nature qui s’oublierait assez pour échapper à la loi, mais se souviendrait assez d’elle-même pour continuer à produire encore des espèces, même là où il n’y a plus d’ordre. La mécanique du pouvoir qui pourchasse tout ce disparate ne prétend le supprimer qu’en lui donnnant une réalité analytique, visible et permanente : elle l’enfonce dans les corps, elle le glisse sous les conduites, elle en fait un principe de classement et d’intelligibilité, elle le constitue comme raison d’être et ordre naturel du désordre. Exclusion de ces mille sexualités aberrantes ? Non pas, mais spécification, solidification régionale de chacune d’elles. Il s’agit, en les disséminant, de les parsemer dans le réel et de les incorporer à l’individu.
Michel Foucault Histoire la sexualité, 1 : la volonté de savoir / 1976

25 octobre 2012

Επειδή μερικές εικόνες είναι πιο δυνατές από τις λέξεις. parce que certaines images sont plus puissantes que les mots.

quelque part, on pourrait imaginer une parade de branquignolles, chacun y allant de l'interprétation outrée de son rôle tant il le croit essentiel au reste de la troupe. sept personnages dont un chien, Loukanikos, la seule célébrité du groupe. ce jour là, la colère s'appelle Merkel, ou Allemagne, ou Europe, FMI ou Troïka. la colère s'appelle colère, ο θυμός, et ce jour là un peuple aguerri tente une fois encore de montrer qu'il est là, qu'il existe. théâtre des rues d'Athènes, scène d'octobre 2012 d'une pièce interminable.
pas de drapeau grec, c'est inhabituel, mais un drapeau rouge placide comme le chien tandis que les hommes s'agitent. des émotions déclinées de l'intensité belliciste à la sérénité routinière. de l'humain à l'animal.
l'axe vertical de la scène, c'est cet homme au drapeau justement, encore en mouvement du geste qu'il vient d'accomplir, en extension, en suspension, alors que de part et d'autre ses acolytes se recroquevillent, eux aussi suspendus à l'explosion imminente, tandis que déjà, derrière lui, un auxiliaire termine de préparer le cocktail-Molotov suivant. attentif à la dangereuse manipulation qu'il exécute, il protège involontairement un homme casqué dont le regard expérimenté paraît suivre la progression aérienne de l'objet.
le dernier personnage de ce segment de cortège appartient à un autre ensemble, cintré dans son t-shirt rose il se tient lui aussi dans la posture du lanceur. scènes identiques, interprètes différents, jeu différent, même message. permanence dans l'impermanence mouvementée d'un défilé revendicatif. 
l'unité est au sol parsemé de débris de manif, rue d'Athènes qui s'offre une archéologie nouvelle, au jour le jour le pays s'écrit, âges sombres de la Grèce, une fois encore.
nul regard à l'adresse du photographe. indifférence à l'indifférence, un écran entre eux et nous. c'est l'impassible Loukanikos qui nous renvoie notre froid détachement.

la nudité, l'homme, l'espace, pour arme, pour symbole. certains pourraient y voir une reproduction à l'Antique, le guerrier vaincu s'élançant sur ses ennemis dans l'ultime espoir d'une fin glorieuse. 

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